lundi 24 mars 2008

La cérémonie du thé...controversée

On ne participe pas à une cérémonie du thé. On est là, assis du mieux qu'on peut, à regarder une magnifique jeune fille manipulant tasses, louches, bols, et ustensiles dont le nom n'évoque qu'un vieux souvenir. Des gestes lents, une expression figée, quelques courbettes. Voilà à quoi se résume une cérémonie du thé appelée mystiquement "Chanoyu".

Pour la plupart des gens, oui. Voir pour croire, croire pour voir, le résultat est le même. J'ai vu une cérémonie mais est-ce que j'y ai cru ? J'ai cru en la cérémonie, mais est-ce que je l'ai vue ? Le mystère reste entier. Quoi qu'il en soit, une expérience pareille ne vous laisse pas de marbre. Du bluff tout ça ? Je ne crois pas. Ah ! Je me suis fait avoir. Je n'y croyais pas, je suis passé à côté. A côté de quoi ? D'une tradition, d'un rituel, d'un protocole, qui inspire le respect, l'humilité, la spiritualité...

Préparer un café, ça n'a rien à voir. Une performance artistique ? Une sorte de méditation ? Un rapprochement entre le corps et l'esprit ?... Mais quoi vous y avez cru ? Il y a des jours où je me demande où cette folie va nous mener. L'homme est-il à ce point badaud pour penser à une quelconque quête spirituelle, où une cérémonie comme dans toutes les religions, permet d'y parvenir ?


Désillusion.

vendredi 21 mars 2008

Impression de saison

Les giboulées du mois de mars s'abattent sur l'Europe centrale, et moi je me mets à penser aux cerisiers en fleur qui fleurissaient, il n'y a pas si longtemps que ça. Quand était-ce au juste? Je ne me souviens pas, mais je n'ai pas oublié. Comme une empreinte de couleur dans le ciel, une odeur de rosée matinale, un vent doux qui caresse vos joues en murmurant à vos oreilles "repose ton dos, sens comme il est fatigué..." Une si douce illusion mérite bien qu'on y prête attention, le temps passe si vite en ce moment. Ah oui, ces quelques instants de cette nature, ça me rappelle quelque chose, empreint dans mon âme à l'aube de cette jeunesse, qui n'a pas fini d'exister. Pourquoi se donner tant de mal ? Si je n'ai pas pu la voir se lever, devrais-je tout recommencer ? Rien n'y fait, je reste là. Las ! Je me réveille, j'aperçois cette figure, cette douce harmonie entre ses lignes, comme les branches d'un Sakura en fleur, cette fleur, que j'ai déflorée...La saison est finie, je n'ai pas pu en profiter assez, je reviendrai, chaque année, jusque dans l'éternité.

jeudi 20 mars 2008

Organiser le voyage de ses rêves (1)

Aujourd'hui commence une série d'article à long terme qui je l'espère vous aidera à organiser votre voyage au Japon, basé sur ma propre expérience. Une envie de partir vous anime ? Il le faut car la réussite d'un voyage dans un pays aussi loin - peut-être le plus lointain de vos voyages jusqu'ici - dépendra de votre volonté à bien le préparer. Vous avez entendu parler du Japon à travers des livres, des vidéos, des blogs, des rencontres, des évènements...et cela vous fascine depuis si longtemps que vous avez pris la décision d'aller découvrir l'inconnu ?

Deux possibilités s'offrent à vous : partir en groupe, avec une agence de voyage, une association, des membres d'une communauté, un voyage organisé en somme. Partir seul(e) ou accompagné(e), sans itinéraire, au gré de votre envie ou organiser un itinéraire, prévoir chaque lieu, visite, hébergement. Nous reviendrons sur ce choix plus tard. Pour chacune de ces possibilités il vous faudra un budget différent. Un voyage organisé, je vous le dis franchement, c'est cher. Les agences choisissent souvent des lieux célèbres dont la visite est payante, des hébergement plutôt luxueux, les trajets se font souvent en transport onéreux (ferry, bus-limousine) et bien sûr les agences prennent leur part.

L'avantage avec ce genre de voyage, c'est que tout est prévu et qu'il vous reste (parfois) un peu de temps libre. Mais ces voyages durent la plus part du temps une semaine, à des périodes de l'année où il y a beaucoup de touristes. Si vous décidez de partir avec vos propres moyens alors c'est vous qui décidez du budget, mais cela demande beaucoup de temps. Les principales dépenses sont: les billets d'avions et les transports sur place (Japan Rail Pass, métro, taxi...). Pour l'hébergement, libre à vous de dormir dans des hôtels pas cher, ryôkans, capsule-hôtel, cyber-café, le choix est immense de ce côté-là. Pour la nourriture, si vous êtes un gros mangeur, un petit déjeuner, un plat du jour et un dîner ne vous coûtera pas les yeux de la tête, sinon manger des nouilles ou sur le pouce entre deux visites.

Après tout ça, quand on est sur place, on se demande ce qu'on va faire. C'est pour cela qu'il faudra préparer un minimum à l'avance. Et pour cela, il faut chercher, beaucoup chercher. Guide touristique, Internet, envie personnelle...ce n'est pas entreprise facile. Une bonne chose à faire est de s'inspirer des visites organisées par les agences de voyage, pour vous donner des idées. Vous pouvez toujours allez dans l'agence de tourisme de la région où vous êtes (au Japon), pour trouver des lieux à visiter, des ballades, des hébergements etc. Le tout est de savoir se débrouiller, être organiser et motivé. Sachez que le voyage est fait de découvertes, d'expériences, de rencontres c'est pour cela que je ne vous donne pas toutes les clés en main et vous conseille de ne pas trop être minutieux...

lundi 17 mars 2008

L'art de la démesure

Ca vous balaie le coeur, fschuiii. Ces hauteurs dont on n'a pas l'habitude nous remplissent d'émotion. La tête basculée vers le haut, contemplant les lignes détachées du ciel, comme quelque chose qui ne devrait pas être là, trop haut ou trop imposant. Un sentiment perplexe qui bascule entre gêne et admiration. Qu'est-ce que ça fait d'être tout haut ? C'est encore plus impressionnant qu'en bas ?


La mairie de Tōkyō et ses tours jumelles de Kenzo Tange (1991)


Qu'on a l'air ridicule avec nos petites mairies hein ? Là encore la séparation est totale. On parle encore de la même chose ? Je ne crois pas. Remarque, c'est mieux comme ça, on n'aura pas à prendre l'ascenseur.

dimanche 9 mars 2008

Régamey et Guimet, ancêtres des touristes au Japon ?

"Je t'écris du pays des rêves... C'est un enchantement perpétuel - le nu dans toute sa splendeur - le costume aussi beau que l'antique avec la variété de coupe et de couleurs en plus. Un paysage merveilleux, enfin tout... L'âge d'or, ni plus ni moins."
Félix Régamey,
Lettre à son frère, 6 septembre 1876


Deux français : Emile Guimet (1836-1918), industriel lyonnais et Félix Régamey (1844-1907), un artiste, débarquent le 26 août 1876 à Yokohama au Japon dans le dessein d'enquêter sur les religions orientales. Ils séjournent au Japon du 26 août 1876 au 3 novembre 1876. Ils voyagent à travers tout le pays guidés par de jeunes japonais. Ils collectionnent les bronzes, les faïences, et rapportent plus de 300 peintures religieuses et 600 statues divines.


E. Guimet et F.Régamey au Japon accompagnés de leurs interprètes, lors d'un voyage au Japon en 1876
Félix Regamey


Le premier français à être parvenu au Japon semble être Guillaume Courtet (1590-1637) martyrisé à Nagasaki lors d'une mission d'évangélisation jésuite au moment de la proscription du Christianisme (le Japon soupçonne dès 1587 avec l'arrivée des premiers occidentaux - les portugais - la propagande chrétienne de vouloir envahir le pays). Une tentative veine menée par la foi établit donc les premiers contacts franco-japonais. Guimet et Régamey ont eu plus de chance, ils arrivent au Japon lorsqu'il est en pleine évolution et s'ouvre peu à peu à l'Europe. Ces deux français sont fascinés par ce pays. Régamey peint, dessine et rencontre de nombreux artistes tels que Kyôsai ou Rokubei. Guimet, lui, a le projet de fonder un musée des religions orientales, une bibliothèque, une école de bouddhisme, et en accord avec le gouvernement japonais, l'Ecole franco-japonaise de Lyon. La fascination pour le Japon ne date pas d'hier, et perdure encore aujourd'hui...

mercredi 5 mars 2008

La symbolique des jardins japonais


image libre de droit, sxc.hu

Ayant participé à une conférence sur les jardins japonais il y a peu, je délivre à présent mon ressenti.[1]

Pour beaucoup le jardin est un lieu de promenade agencé de végétaux. Mais quand l’occident voit ceci, l’orient voit cela. Et cette loi abstraite de toutes règles mathématiques s’applique parfaitement aux jardins. Le Japon a emprunté ses premiers jardins à son voisin la Chine –soit- mais au Japon les jardins ne sont pas seulement un lieu de villégiature mais servent aussi de lieu de médiation ou pour les cérémonies de thé. Ces derniers ne s’agencent pas de la même façon, l’un est très épuré et axé autour d’un tas de gravier ratissé et l’autre suit un cheminement qui mène à la maison de thé. Bien sûr il existe des jardins de promenade, là où sont construits les résidences d’empereurs par exemple. Mais la diversité des jardins japonais reflète d’une manière antinomique leur uniformité culturelle. Que ce soit un jardin shinto, bouddhiste ou autre, les jardins japonais reflètent une symbolique propre à la culture nippone. Un pont, un simple pont par exemple transcrit le passage de l’âme d’une île de moindre importance à une autre plus importante. Tailler des arbres d’une certaine façon évoquera des nuages qui eux-mêmes évoqueront l’au-delà. Il n’y a jamais d’herbe mais toujours de la mousse. On ne choisit pas n’importe quelle pierre. On ne recherche pas toujours l’esthétique mais aussi la symbolique. Voilà ce qui fait réellement l'intérêt des jardins japonais.